GÉOLOGIE

GÉOLOGIE
GÉOLOGIE

AU MOYEN ÂGE la geologia était l’étude de tout ce qui était terrestre, par opposition au divin: en faisaient partie aussi bien les sciences humaines que les sciences de la matière. Le terme «géologie» n’a pris le sens de science de la Terre qu’au XVIIe siècle, mais il y eut des «géologues» bien avant – philosophes, médecins, voyageurs, artistes ou curieux – qui firent des observations et les publièrent. Avec le XVIIIe siècle vint le temps des naturalistes, puis celui des professionnels, tandis que l’acception du mot ne cessait de se préciser.

La Terre est en effet un immense champ d’étude que les géologues doivent partager aujourd’hui avec les spécialistes d’autres disciplines. C’est ainsi que la géologie se limite plutôt à l’étude de la constitution et de l’histoire de la croûte terrestre et laisse à la géophysique l’investigation des couches plus profondes du globe; l’aéronomie et la météorologie s’intéressent à l’atmosphère; l’océanographie et l’hydrologie étudient les divers aspects de l’hydrosphère; la Terre considérée enfin dans l’Univers relève de la planétologie et de l’astronomie. Le géologue devra bien sûr tenir compte des résultats de ces diverses disciplines.

La croûte terrestre représente par rapport à l’ensemble de la planète une pellicule fort mince; elle n’en est pas moins un domaine d’une importance considérable, tant par la complexité de sa structure et la diversité des objets qui la composent que par la longueur de son évolution commencée il y a plus de quatre milliards d’années. Un de ses caractères les plus remarquables est qu’elle conserve en elle des traces de cette évolution, voire de l’évolution des autres géosphères; l’interprétation de ces traces doit permettre au géologue de reconstituer les paléogéographies qui se sont succédé jusqu’à nos jours.

Les recherches géologiques ont ainsi suivi deux voies différentes: l’une a consisté à étudier les masses minérales qui composent la croûte terrestre, et leur ordonnance actuelle dans celle-ci – les premiers curieux des choses de la Terre l’ont empruntée; l’autre a consisté à rechercher la genèse de ces masses minérales et de cette ordonnance – elle a été suivie par les géologues bien plus tard mais correspond mieux à leur préoccupation spécifique, à ce qu’est aujourd’hui la géologie, science avant tout historique.

En fait, la géologie est à la fois la description du monde minéral actuel et la reconstitution historique des phénomènes de la lithosphère (constituée par la croûte et une partie du manteau supérieur). C’est ce qui fait l’originalité de sa méthode: le géologue tire de l’observation des roches les conditions de leur genèse et, de la succession des phénomènes reconstitués, il conclut à l’ordonnance des terrains. Cette conception dynamique de la géologie (géodynamique) la rapproche de plus en plus de la géophysique.

Si le but et la démarche générale de la géologie sont en définitive assez simples, ses méthodes d’investigation sont en revanche multiples. Elles peuvent se diviser en deux types essentiels: les méthodes de laboratoire , communes pour la plupart à d’autres sciences, sont utilisées plutôt lorsque l’objet de recherche s’intègre dans une discipline particulière (pétrographie par exemple); on a recours aux méthodes de terrain , plus spécifiquement géologiques, non seulement lorsque l’objet est une région déterminée, mais aussi pour replacer les résultats des expériences de laboratoire dans la réalité concrète de la nature. C’est ainsi que la géologie appliquée met à profit à la fois des méthodes de laboratoire et des méthodes de terrain, et toujours en s’appuyant sur les acquisitions des études fondamentales, présentées généralement sous forme d’inventaires: cartes géologiques, lexiques stratigraphiques, etc., chaque jour plus précis et plus complets à mesure que progressent les techniques.

Des régions nouvelles sont explorées et étudiées, notamment les fonds océaniques et, surtout, les couches profondes du globe, non accessibles à l’observation directe.

Les limites, qui ont des raisons avant tout techniques, reculent progressivement; mais il en existe que le géologue ne pourra vraisemblablement pas repousser et qui tiennent à la nature même de l’objet concerné: ainsi la durée des temps géologiques est disproportionnée par rapport à celle d’une vie humaine, et, surtout, les traces de la plupart des événements géologiques ont été définitivement effacées par ceux qui les ont suivis: à la surface, par l’érosion; en profondeur, par la subduction et le métamorphisme.

Ces contingences se trouvent heureusement compensées par les prolongements de la géologie dans d’autres domaines de la connaissance, que ce soit celui de l’évolution de l’humanité ou celui des sciences de l’Univers, avec lesquelles elle collabore de plus en plus étroitement.

géologie [ ʒeɔlɔʒi ] n. f.
• 1751; en it. 1603; lat. médiév. geologia
1Science qui a pour objet la connaissance de la Terre, et spécialt de sa surface, et l'histoire de ses parties, l'évolution de leur agencement. La géologie étudie les parties du globe directement accessibles à l'observation. Méthodes d'étude de la géologie. géochimie, géodynamique, géophysique. Parties de la géologie. cristallographie, géomorphologie, minéralogie, orographie, paléontologie, pétrographie, pétrologie, sédimentologie, stratigraphie . Géologie structurale, qui étudie les déformations des roches et de leurs ensembles. ⇒ tectonique.
Par ext. Livre qui traite de géologie.
2Ensemble des géologies d'une région. La géologie du Bassin parisien. orographie , structure.

géologie nom féminin Étude des constituants de la Terre, visant à en comprendre la nature, la distribution, l'histoire et la genèse. Ensemble des caractères du sous-sol d'une région, traduisant son histoire géologique : La géologie des Alpes.géologie (expressions) nom féminin Géologie dynamique, synonyme de géodynamique. Géologie structurale, analyse qualitative et quantitative des structures engendrées par la tectonique. ● géologie (synonymes) nom féminin Géologie dynamique
Synonymes :
- géodynamique

géologie
n. f.
d1./d Science qui étudie l'écorce terrestre, ses constituants, son histoire et sa genèse.
d2./d Ensemble des terrains étudiés par la géologie. La géologie du bassin du Niger.
Encycl. La géologie est l'ensemble des sciences de la Terre. Considérant la Terre en tant que réalité minérale, elle utilise et comprend: la pétrographie, la minéralogie, la géochimie, etc., et, à l'échelle des continents et de la planète entière, la tectonique, la géodynamique, la géophysique, etc. Considérant la Terre comme le milieu où vivent et ont vécu des êtres vivants, dont elle contient certains restes (fossiles), la géologie est en rapport, de façon générale, avec la biologie, et de façon étroite avec la paléontologie animale et végétale, dont les acquis ont conduit à la théorie de l'évolution (que confirma la génétique). Pour situer dans le temps les grands événements de l'histoire du globe, le géologue recourt aux méthodes de datation absolue (par le carbone 14, notam.) et de chronologie relative (par la stratigraphie). Les temps géologiques sont divisés en ères (primaire, secondaire, etc.), elles-mêmes divisées en périodes, puis en étages.

⇒GÉOLOGIE, subst. fém.
Science qui a pour objet de décrire et d'expliquer la nature, l'origine et la situation des roches, des terrains, etc., constituant la croûte terrestre. Géologie générale, expérimentale, appliquée; géologie stratigraphique; musée de géologie. Professeur de géologie (Ac.). Du moment que l'homme fossile est reconnu, il nous faut étudier la géologie pour savoir jusqu'à quelle époque il remonte (MORTILLET, Préhist., 1882, p. 25). En géologie et en géophysique la mode est aujourd'hui d'attacher une importance prépondérante aux phénomènes périodiques (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 105).
P. méton.
Ensemble des matériaux qu'étudie cette science. Mes travaux sur la géologie de l'Oued Mia et du haut Igharghar (BENOIT, Atlant., 1919, p. 34).
♦ Ouvrage qui traite de cette science. M. Gignoux et L. Moret, dans leur géologie dauphinoise, se demandaient si : « vues avec des unités de temps encore plus longues, les secondes devenant des millénaires, les roches solides ne nous apparaîtraient pas aussi plastiques, aussi déformables que des fluides » (DECAUX, Mesure temps, 1959, p. 21).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1751 (Explication du système des connoissances humaines ds Encyclop. t. 1, p. L). Composé des 2 élém. géo- et -logie, sur le modèle de anthropologie; déjà en lat. médiév. geologia 1345 ds LATHAM. Fréq. abs. littér. : 99. Bbg. RITTER (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 432.

géologie [ʒeɔlɔʒi] n. f.
ÉTYM. 1751, Diderot, Explication du système des connaissances humaines; du lat. médiéval geologia employé au XIVe par Richard de Bury en Angleterre, en 1603 par Aldrovandi en Italie; du grec « terre » (→ Géo-), et legein (→ -logie).
1 Science qui a pour objet l'histoire du globe terrestre, et, spécialt, l'étude de la structure et de l'évolution de l'écorce terrestre. || Sciences utilisées par la géologie. Géognosie, minéralogie, pédologie, pétrographie; paléontologie, stratigraphie; spéléologie. || Géologie descriptive, régionale ( Géographie, orographie); géologie dynamique externe et interne ( Géodynamique, géomorphogénie, géomorphologie, géophysique, orogénie, tectonique; préf. géo-). || Application de la géologie à l'agrologie, à la recherche des minerais, des métaux, du pétrole. || Anciennes théories, en géologie. Activisme (1.), actualisme, neptunisme, plutonisme, vulcanisme… || Le concordisme (cit.) prétendait concilier les données de la Bible et celles de la géologie.
1 La cosmologie, ou science de l'univers (…) se distribue en uranologie (…) en aérologie, en géologie, ou science des continents (…)
Diderot, Explication du système fig. des connaissances humaines.
2 C'est ainsi que la géologie s'efforce de représenter tous les changements du monde passé par le seul jeu des causes actuelles.
Berthelot, Leçon d'ouverture au Collège de France (1864).
3 — Vous aimez la géologie ? — C'est ma passion. Seules, dans la vie, avaient été douces pour lui, les pierres (…)
Saint-Exupéry, Vol de nuit, VI.
Vocabulaire de la géologie. || Époques, âges géologiques. Cycle (cit. 4), ère (cit. 8), étage, période, système; précambrien (ou azoïque); primaire (ou paléozoïque) : cambrien, silurien, dévonien, carbonifère, permien; secondaire (ou mésozoïque) : trias, jurassique (et lias), crétacé; tertiaire : éocène, oligocène, miocène, pliocène (ou néogène); quaternaire (ou néozoïque) : pléistocène, paléolithique, mésolithique, néolithique; aussi préhistoire; → aussi les suff. -fère, et -lithique.
Phénomènes géologiques : phénomènes d'origine externe. Érosion; affaissement, altération, corrosion, dégradation, désagrégation, éboulement, éboulis, ravinement, ruissellement, transport; sédimentation, alluvionnement, stratification; glaciation; aérolithe, météorite.Phénomènes internes. Bouleversement, cataclysme, séisme, tremblement (de terre); orogénie; dislocation, effondrement, soulèvement, transgression, régression, subsidence, surrection; volcanisme; coulée, éruption, projection; métamorphisme.
Formations étudiées par la géologie. Écorce (terrestre), minéral, roche (roches clastiques, cristallophylliennes, détritiques, métamorphiques, sédimentaires), sol, terrain (terrains glaciaires, pélagiques, plutoniens, volcaniques; primitifs); affleurement, agglomération, alluvion, amas, banc, caillou (cailloux éclatés, polis, roulés), couche (alternance, discordance des couches), dépôt, filon, formation, gisement, minerai, sédiment; strate, veine; fossile. — Anticlinal, synclinal; plissement. Clase, faille, fissure, fracture, strie, sulcature.Formations et phénomènes caractéristiques. Agglomérat, brèche, conglomérat, diluvium, falun, lœss, pisolithe. Bloc (erratique, perché), chaussée (des Géants), cheminée (des fées), déjection (cône de), géode, marmite (des Géants), rognon, stalactite, stalagmite; aussi géographie, et certains mots-centres tels que roche; dépôt, sédiment, volcan. || Pratique de la géologie. Forage, sondage; carte, coupe, profil.
tableau Noms de sciences et d'activités à caractère scientifique.
2 (Déb. XXe). Une, des géologies. Livre, traité de géologie. || La géologie de Haug.
3 (Déb. XXe). Les terrains, formations, etc., que la géologie étudie. || La géologie du bassin parisien. Formation, orographie, structure.
Par métaphore :
4 On était effrayé en pensant aux périodes qui avaient dû s'écouler avant que s'accomplît une pareille révolution dans la géologie d'un visage, et de voir quelles érosions s'étaient faites le long du nez, quelles énormes alluvions, au bord des joues, entouraient toute la figure de leurs masses opaques et réfractaires.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XV, p. 99.
DÉR. Géologique, géologue.
COMP. Agrogéologie.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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